« On partage des moments intenses et aussi de belles rigolades ! »

Depuis plus de dix-huit mois, Marie-Thérèse Favre Lehmann vient régulièrement à l’HFR Fribourg – Hôpital cantonal pour un traitement ambulatoire du cancer. Elle y est souvent accueillie par Magali Collaud Oberson, une des infirmières du Service d’oncologie. Ensemble, elles ont accepté de partager leur parcours et leur expérience lors d’une interview pleine de complicité.

Vous êtes une patiente du Service d’oncologie depuis plus d’un an et demi. Pouvez-vous nous résumer votre parcours jusqu’ici ?
Marie-Thérèse Favre Lehmann: Plein de rebondissements ! En avril 2021, lors d’un check-up de routine, on m’a diagnostiqué un cancer du poumon. En juin, j’ai commencé une chimiothérapie. Puis, il y a eu des séances de rayons, tous les jours du lundi au vendredi pendant plus de six semaines. Après une quatrième chimiothérapie, j’ai commencé une immunothérapie en octobre 2021, pour renforcer mon système immunitaire. Fin 2021, j’ai ressenti des pertes d’équilibre. Une IRM et un scanner ont montré que la tumeur dans le poumon s’était bien résorbée, mais que j’avais des métastases dans le cerveau et une tumeur de deux centimètres sur le cervelet. Le médecin m’a proposé de l’opérer et, le 7 janvier 2022, je me suis endormie sur la table d’opération, sans savoir comment j’allais être au réveil... Tout s’est bien passé et j’ai repris les séances de rayons, pour détruire les métastases dans le cerveau. Après, les résultats étaient bons pour le poumon, mais il y avait encore des métastases dans la tête. J’ai donc repris les rayons et je viens de terminer une nouvelle immunothérapie.

Le parcours de Mme Favre Lehmann est-il particulier ?
Magali Collaud Oberson: Même si le diagnostic et le traitement sont plus ou moins semblables, le vécu et les effets secondaires varient beaucoup d’une personne à l’autre. Il existe des centaines de traitements et de protocoles différents. Le point commun, c’est le tsunami provoqué par l’annonce de la maladie.

M-TFL: C’est vrai, mais on n’a pas trop le temps de ruminer, car il y a beaucoup d’examens à faire et il faut prendre rapidement des décisions. J’ai suivi les conseils des médecins et j’ai essayé de prendre chaque jour après l’autre, pour rester calme et moins stresser.

Comment se passe une séance d’immunothérapie ?
M-TFL: La veille, on m’appelle pour savoir comment je vais et s’assurer que je suis en état de la faire. Le jour même, j’aime arriver tôt, pour pouvoir choisir mon fauteuil (rires). On nous fait une prise de sang et on doit boire beaucoup d’eau. Ensuite le traitement commence, par perfusion.

Quel est votre rôle dans le traitement de Mme Favre Lehmann ? Est-il différent d’un patient ou d’une patiente à l’autre ?
MCO: Je l’appelle la veille pour prendre de ses nouvelles et valider en fonction de son état général si la thérapie aura lieu ou non. Si celle-ci est confirmée, je commande le traitement à la pharmacie de l’HFR. Le jour du traitement, je l’accompagne du début à la fin de sa thérapie. J’ai un rôle technique avec l’administration du traitement, mais aussi de soutien psychologique à chaque étape de son parcours oncologique, pour elle et ses proches. Je l’informe aussi sur le traitement, les effets secondaires, et je mets un réseau en place avec d’autres professions comme la diabétologie, la diététique, ou le Service de liaison.

Quel impact ce traitement a-t-il sur votre quotidien ?
M-TFL: Après les séances de chimiothérapie, j’étais très fatiguée et j’ai perdu le goût quelque temps. Avec les rayons, j’ai eu des aphtes, des douleurs dans la gorge ou encore les pieds qui pelaient. Et je n’ai pas pu reprendre mon travail depuis avril 2021. J’ai beaucoup de soutien de mon mari et de ma famille. J’ai aussi une voisine qui fait du reiki et une amie qui m’a particulièrement aidée.

Avez-vous des conseils à donner aux patient-e-s qui traversent la même situation que Mme Favre Lehmann ?
MCO: (elle réfléchit) Avec l’expérience, je constate que l’on peut donner beaucoup de conseils, comme rester positif, profiter de chaque instant ou avoir des projets. Mais tous n’y arrivent pas en fonction de ce qu’ils vivent. Aujourd’hui, je dirai que l’essentiel c’est de s’écouter et de faire ce qui leur semble bon.

Mme Favre Lehmann, vous venez régulièrement à l’HFR. Est-ce que vous rencontrez toujours les mêmes patiente-s et soignant-e-s ? Avez-vous tissé des liens particuliers avec eux ?
M-TFL: Oui, le personnel soignant et médical est vraiment très gentil et je me sens très soutenue, que ce soit en Oncologie ou en Radio-oncologie. Avec les autres patient-e-s, on discute et parfois on échange les numéros de téléphone pour prendre des nouvelles.

Comment vivez-vous ce travail d’accompagnement des patient-e-s en général ?
MCO: Pleinement ! Je me sens très chanceuse et heureuse d’être là où je suis actuellement. Nos patient-e-s nous donnent de sacrées belles leçons de vie. On partage des moments intenses et aussi de belles rigolades (elles rient).

Qu’avez-vous appris de plus important au cours de ces derniers mois ?
M-TFL: Qu’il faut rester positif ! Avec des voisins qui ont aussi un cancer, on se téléphone souvent pour prendre des nouvelles et se soutenir. Avant ma maladie, le mot cancer me faisait penser à la mort. Aujourd’hui je n’y pense pas, je lutte !

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